Je traboule, vous traboulez, nous traboulons… Voici un parlé lyonnais comme on les affectionne ! Les traboules lyonnaises sont indissociables de l’image discrète, voire même secrète de Lyon et en représentent tout l’esprit; tour à tour mystérieux, ingénieux ou plaisantin.
« Trabouler ici et là » est comme un jeu de piste qui réveille nos âmes d’enfants et nous émerveille par ses trésors cachés. C’est aussi un héritage inestimable tant culturel qu’architectural qui révèle une manière de vivre, entre pragmatisme, rébellion et confidentialité.
Alors, laissez-vous aspirer par ses passages secrets qui vous livreront une partie de l’âme des Lyonnais, tout du moins à celui qui sait l’apprécier.
Qu’est ce que sont les traboules lyonnaises ?
Les traboules sont des passages privés qui permettent de passer d’une rue à l’autre en passant par des couloirs et autres cours intérieures. On en compte pas moins de 320 dont la majorité se trouve dans le quartier du Vieux Lyon mais aussi sur les pentes de la Croix-Rousse et quelques unes sur la Presqu’île.
L’origine des traboules lyonnaises
A l’origine, les traboules lyonnaises ont été conçues pour faciliter l’acheminement des marchandises au travers de la ville. C’est à la Renaissance, lors de l’essor commercial de la ville de Lyon qu’on décide de construire ces « chemins de traverse ». Objectif : Faciliter le transport des marchandises qui arrivaient ou partaient par bateaux sur les quais de Saône.
Les traboules de la Croix-Rousse furent, quant à elles, percées au 19ème siècle lors du développement du commerce de la soie. Ces nouveaux passages permettaient de descendre les longs rouleaux de tissus du Plateau aux Terreaux en ligne quasi-droite.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, elles servaient de lieux de rencontres et de boîtes aux lettres aux Résistants, chacun entrant et repartant par une rue différente, au nez de la Gestapo qui finira néanmoins par en obtenir les plans.
Les traboules lyonnaises à visiter
Les traboules du Vieux-Lyon
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Du 54, rue Saint-Jean au 27, rue du Boeuf
C’est l’une des plus longues traboules du Vieux-Lyon qui relie la rue du Boeuf à la rue Saint-Jean. Vous traverserez pas moins de 4 corps d’immeuble et 3 cours distinctes. Vous pourrez noter les arcades au rez-de-chaussée dont le nombre indiquait l’importance de la boutique. On y décrochait les volets pour en faire des étals, d’où l’expression toujours utilisée « Trier sur le volet ».
- De la place Neuve-Saint-Jean au 40, rue Saint-Jean / Du 27, rue Saint-Jean au 6, rue des trois-maries
Ici, on traboule et re-traboule. Entrez par la place, sortez par la rue Saint-Jean, traversez la rue et entrez au n°27, presqu’en face. Vous y retrouverez une jolie cour en pierres dorées avec ses galeries ouvertes d’inspiration italienne et ses fenêtres à meneaux typique Renaissance.
Dans la cour du 27, rue Saint-Jean, vous pourrez noter un étrange escalier troué sur ses huit premières marches; une ingénieuse façon d’aérer les caves qui se trouvaient en-dessous.
Entrez alors au n°6 de la rue des trois-maries pour en ressortir directement sur le quai Romain-Rolland (au n° 20).
- Du 2, place du Gouvernement au 10, quai Romain-Rolland
Cette traboule est une des plus belles du quartier et vous emporte directement au 15ème siècle. Là résidaient les gouverneurs du Lyonnais, du Beaujolais et du Forez. Entrez par le n°2 de la place et sa belle porte en anse de panier ornementée par ses petits culots sculptés. La traboule traverse deux magnifiques cours et change de niveau par une montée d’escaliers voutée d’ogives. L’architecture de la haute cour est typique Renaissance avec meneaux sculptés aux fenêtres, blason au dessus de la porte et statuettes. Vous y trouverez également un puits surmonté d’une coquille sculptée. La douceur des couleurs ajoute au charme du lieu.
- Quai Romain-Rolland. Au n°7, n°10, n°11 et12, n°17, n°18, n°20
Tout au long du quai Romain-Rolland, vous attend une farandole de traboules qui partent (ou arrivent) sur les quais de Saône.
- Du 19, quai Fulchiron au 49, rue Saint Georges
Voici une traboule à ciel ouvert qui laisse entrevoir une rangée de fenêtres à meneaux et de vieilles poutres qui soutiennent un plancher. A noter, les pavés têtes de chat au sol, jadis fréquemment utilisés aux abords des quais et réputés responsables… des grands pieds des lyonnais !
Les traboules de la Croix-Rousse
- Du 9, place Colbert au 29, rue Imbert Colomès ou 14, montée Saint Sébastien
Voici l’une des plus célèbres et impressionnantes traboules lyonnaises; la Traboule de la cour des Voraces. Construite en 1840, la cour des Voraces est classée aux Monuments historiques. La traboule compte 4 cours à niveaux superposés et révèle un extraordinaire escalier sur 6 étages avec ses galeries à rampe en fer forgé et son pilier central massif. Entrez par la place Colbert pour profiter de la vue saisissante sur cet ensemble architectural monumental.
La cour des Voraces revêt également une importance historique pour avoir été un lieu de refuge des canuts lors des premières grandes révoltes ouvrières qui eurent un retentissement dans toute l’Europe. La cour des Voraces perpétue aujourd’hui le souvenir de ses partisans dont la device était « Vivre en travaillant ou mourir en combattant ».
- 30, rue Burdeau / Passage Thiaffait / 17, rue René-Leynaud
Juste après le n°30 de la rue Burdeau, vous traboulez à travers de jolies courettes et escaliers qui vous amène au passage Thiaffait et ses boutiques de créateurs lyonnais.
En face, vous découvrirez de jolies fenêtres à meneaux, les voûtes de l’escalier droit qu’on aperçoit à travers les fenêtres. Vous sortez par un passage voûté pour sortir au n°17 rue René-Leynaud.
N’oubliez pas de vous retourner pour admirer les superbes façades rénovées.
- Du 4, rue Donnée au 19, rue des Capucins
En passant par la rue de l’Abbé-Rozier, vous prenez la rue Donnée et traboulez par le n°4 pour sortir au n°19 rue des Capucins. Vous êtes au coeur du quartier des Soyeux ( c’est à dire les revendeurs de soie et non les fabricants ). Au bout de la rue, vous vous dirigez vers la place Croix-Paquet, en bas de la montée Saint-Sébastien.
- 5, place Croix-Paquet / Cour des Moirages / 3 bis, Petite rue des Feuillants
Traboulez par la place Croix-Paquet pour découvrir la magnifique cour des Moirages où les canuts venaient faire traiter la soie fabriquée. C’est aussi l’emplacement de l’ancien couvent des Feuillantines dont le rez-de-chaussée de certains édifices a conservé les voûtes. Après la cour et avant le porche à colonnes grandiose, vous pourrez admirer un magnifique escalier droit du 17ème siècle qui faisait aussi partie du couvent en son temps.
Les traboules de la Presqu’île
- 13, rue de la Poulaillerie / 2 bis, rue des Forces
Ici, on traboule par la cour de l’actuel musée de l’imprimerie où se trouvait l’élégante demeure qui servit d ’Hôtel de Ville au 17ème siècle. Vous pourrez y admirer un bel escalier à vis, une superbe galerie ornée de bas relief du Rhône et de la Saône, rare vestige de cette architecture sur la Presqu’île. On y trouve une copie des Tables Claudiennes, fameuse plaque en bronze portant l’inscription d’un discours de l’empereur Claude en 48 , plaque qui fût retrouvée dans le quartier de la Croix-Rousse en 1528.
Vous sortez ensuite par le 2 bis, rue des Forces ( ref aux ciseaux de tailleur).
Notez que dans ce quartier, les rues portent des noms des commerces du Moyen-Âge et évoquent les savoir-faire ancestraux ( Rue Grenette pour les halles aux grains, Bouquetiers pour les fleuristes, Tupin pour les potiers, Dubois pour les ébénistes…).
Photo mypresquile.fr
- 56, rue Mercière / Quai Saint-Antoine
La rue Mercière est une rue éminemment touristique avec sa ribambelle de restaurants. Mais peu de touristes portent attention à ce ravissant passage où chaque mètre carré est utilisé entre tables dressées et boutiques achalandées. Arrivé de l’autre côté, vous reprenez une grande bouffée d’oxygène en arpentant le beau quai Saint-Antoine avec sa vue sur la colline de Fourvière.
Avis aux (gentils) visiteurs.
Les traboules traversent des immeubles qui sont habités. Beaucoup d’entre elles sont aujourd’hui fermées au public, de guerre lasse contre les nuisances sonores et autres incivilités. Alors, pour continuer à accéder à ses trésors de l’architecture lyonnaise, n’oubliez pas de rester discret, de ne pas parler trop fort et …d’attendre de ressortir pour exprimer toutes vos émotions.
Pour en savoir encore plus, des visites guidées sont proposées par différents organismes ou guides privés qui vous dévoileront secrets et anecdotes d’une ville de Lyon, décidément toujours surprenante.
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